Les affections des glandes anales chez le chien
Les glandes anales du chien sont des organes situés autour de l’anus, qui leur permettent de communiquer avec leurs congénères par l’intermédiaire de messages spécifiques. Il est donc important de savoir quels soins routiniers peuvent être pratiqués et d’en comprendre l’intérêt en matière de prévention des affections.
Les glandes anales du chien
Anatomie et caractéristiques principales des glandes anales du chien
Les glandes anales, ou sacs anaux, sont des structures morphologiques sphériques et bilatérales localisées entre les sphincters externe et interne du canal anal.
D’un point de vue histologique, les glandes anales se caractérisent par une zone épithéliale stratifiée et kératinisée et une zone glandulaire composée de glandes sébacées modifiées1.
Ces structures sécrètent un matériel lubrifiant d’apparence brun-jaunâtre, à la texture visqueuse et à l’odeur caractéristique, qui passe dans le conduit de chaque glande et débouche sur la jonction muco-cutanée du canal anal, où se trouvent les sacs anaux. Les propriétés lubrifiantes de cette substance facilitent la défécation.
La substance contenue dans la glande, libérée lors du passage des selles au travers du canal anal, remplit alors une fonction d’ordre comportemental, car les sécrétions produites permettront au chien de communiquer avec d’autres animaux par le biais de l’olfaction. La vidange des glandes anales est effectivement destinée, entre autres, à émettre des signaux d’alarme et d’alerte, à marquer son territoire et à s’identifier, en déposant une « signature olfactive ».
Les affections des glandes anales chez le chien
Ces glandes sont sujettes aux inflammations et aux infections, qui se manifestent sur le plan clinique par des douleurs et une gêne, identifiables par un comportement relativement caractéristique chez le chien. Il s’agit, par ailleurs, d’un problème récurrent qui peut toucher une glande ou les deux.
Étiologie et facteurs de prédisposition
Si l’étiologie de l’infection des glandes anales chez le chien demeure incertaine, on sait en revanche qu’il existe plusieurs facteurs de prédisposition tels que la race, une diarrhée récente ou des selles molles chroniques, l’hypersécrétion glandulaire associée à une séborrhée ou encore un déficit de tonus musculaire chez les chiens obèses. La rétention du contenu fécaloïde expose l’animal à un risque d’infection et de réactions immunologiques susceptibles de générer un abcès.
Chez les chats, les maladies des sacs anaux sont rares, l’impaction étant le symptôme le plus fréquent lorsque ce type d’affection survient.
Tableau clinique des maladies des glandes anales chez le chien
Le taux d’incidence des maladies des sacs anaux, toutes affections confondues, est de 12 % au sein de l’espèce.
Les infections des sacs anaux se présentent sous trois formes différentes :
- L’impaction des sacs anaux : elle se caractérise par l’accumulation d’un liquide pâteux ou d’une pâte qui sort très difficilement par pression digitale du sac anal enflammé.
- La sacculite : il s’agit de l’inflammation, de l’infection des sacs anaux liée aux sécrétions. La sacculite a une incidence élevée chez les chiens dont la vidange du contenu glandulaire est insuffisante. Elle se manifeste par une douleur aiguë à la palpation.
- La formation d’abcès : elle se caractérise par l’apparition d’une matière purulente (mêlée à du sang) lors de la pression du sac anal enflammé.
Il s’agit probablement de trois manifestations cliniques qui correspondent à différents stades évolutifs de la maladie. Les processus d’impaction, d’infection et d’inflammation sont liés au degré d’obstruction du conduit de la glande anale ; l’alimentation, l’état du tonus du sphincter anal, la prédisposition raciale, la présence de furoncles anaux et l’obésité étant, de fait, des facteurs de prédisposition.
Des fistules anales peuvent également apparaître. Le cas échéant, les orifices anaux ou les sacs anaux touchés s’infectent, entraînant une inflammation de la muqueuse, qui peut se rétracter et provoquer une rupture de la glande à l’intérieur des tissus profonds, ou expulser une substance composée de sang et de pus. L’impaction est parfois due à la présence de fécalithes dans les sacs anaux. En ce qui concerne les symptômes, la pathologie est plus complexe et se traduit par une constipation, une mauvaise odeur et des douleurs ou des sécrétions rectales.
Une pathologie tumorale telle que l’adénocarcinome des glandes apocrines des sacs anaux peut également survenir et donner lieu à une dissémination lymphatique régionale. Le cas échéant, la palpation permettra de mettre en évidence une masse dans l’un des sacs anaux ou para-anaux et l’hypercalcémie paranéoplasique conduira à une anorexie, une perte de poids, des vomissements, une polyurie, une polydipsie, une constipation, une dyschésie, des selles d’aspect anormal et une inflammation péri-anale. Ce type de tumeur engendre fréquemment des métastases dans les ganglions lymphatiques et peut également se propager, à moindre fréquence, dans le foie, la rate ou les poumons.
Selon la gravité, l’infection des glandes anales se traduira par différents symptômes chez le chien : un ténesme, des douleurs anales, un prurit anal, une fistule anale, des comportements particuliers tels qu’une tendance à courir après sa queue, à lécher ou mordiller excessivement la base de la queue ou l’anus, à se frotter l’arrière-train sur le sol ou en s’appuyant sur un objet (position du traineau), des changements d’humeur ou encore l’apparition d’un « hot spot » (dermatite pyotraumatique) dans la zone sacro-lombaire. Dans les cas les plus sévères, on observera un gonflement douloureux et une inflammation de la zone périnéale, des canaux de drainage « à ciel ouvert », une dyschésie (défécation difficile et douloureuse) ou une constipation, voire parfois de la fièvre. Les sécrétions auront une teinte grisâtre à brunâtre.
Le diagnostic différentiel doit inclure toutes les pathologies touchant la zone du périnée et de l’anus, dont les signes cliniques et l’apparence peuvent concorder avec une affection des sacs anaux, notamment une fistule périanale, des morsures, une tumeur des glandes circumanales (ou glandes hépatoïdes) ou tout type de traumatisme dû à une déchirure.
Traitement des maladies des glandes anales chez le chien
La plupart des animaux sont capables de vider seuls leurs sacs anaux. Cependant, beaucoup d’entre eux perdent cette capacité, ce qui peut alors causer des problèmes de santé, comme on l’a vu précédemment. Il est, par conséquent, capital de rappeler aux propriétaires l’importance des soins de routine des sacs anaux de l’animal, une vidange régulière permettant d’éviter les processus d’impaction et d’infection des glandes anales.
Une fois que le canal de la glande anale est obstrué, il est nécessaire de réaliser une anamnèse exhaustive qui permettra d’identifier les facteurs de prédisposition et de déterminer les corrections qui peuvent être apportées. Cependant, il arrive que ces causes soient secondaires à des processus pathologiques plus graves ou que les mesures de prévention soient vaines, comme c’est le cas lorsque la race est prédisposée.
Si l’examen met en évidence une sacculite anale ou une impaction, il convient de commencer le traitement par un drainage par compression de la glande et de procéder à un nettoyage régulier de celle-ci en utilisant une solution antiseptique. Le drainage manuel peut être fait par l’intérieur (moins douloureux) ou par l’extérieur. Dans la mesure du possible, l’intérieur des sacs devra être traité avec une pommade antibiotique et par des corticoïdes. On prescrira également en complément des antibiotiques à large spectre et des analgésiques. En cas de récidives, la pratique d’une exérèse chirurgicale de la glande, ou sacculectomie, doit être envisagée.
En cas d’abcès, il sera nécessaire d’administrer une antibiothérapie systémique, de l’amoxicilline-acide clavulanique par exemple, et de soigner la zone infectée comme pour n’importe quel abcès (nettoyage à l’eau oxygénée, application de povidone iodée et d’une pommade antibiotique). En cas d’abcès à répétition, l’exérèse des sacs anaux par des techniques chirurgicales ou une cautérisation chimique est également indiquée.
Enfin, le traitement des néoplasies des sacs anaux repose sur l’exérèse tumorale et sur l’identification anatomopathologique de la masse, à condition que la masse soit bien circonscrite et qu’aucune métastase ne soit détectée. Ce traitement sera ensuite complété par l’administration d’agents chimiothérapeutiques.
Différentes études ont été réalisées sur le traitement des adénocarcinomes des glandes apocrines des sacs anaux par ablation chirurgicale, avec ou sans chimiothérapie adjuvante.
Par ailleurs, pour les animaux qui souffrent souvent d’impaction des glandes anales, il est recommandé d’adopter une alimentation riche en fibres et de maintenir une bonne hygiène dans la zone périnéale.
Pronostic des maladies des sacs anaux chez le chien
Le pronostic est généralement bon, même lorsque l’exérèse des glandes est nécessaire, étant donné que les complications post-chirurgicales sont rares. L’incontinence fécale permanente fait partie des complications possibles de la chirurgie. Dans les cas de fistule et de pathologie tumorale, le pronostic est réservé.
Conclusion
Chez le chien, les glandes anales servent de moyens de défense et de communication. Les soins de routine, principalement le nettoyage et la vidange régulière, sont des mesures de prévention non négligeables qui permettront de réduire les risques d’obstruction, d’infection et d’impaction des sacs anaux, qui se traduisent par un tableau clinique d’inconfort et de douleur chez le patient.