VT_Tematica_Medicina interna_detail.jpg VT_Tematica_Medicina interna_detail.jpg
  • Temps de lecture: 6 mins

    Classification et évaluation du mastocytome chez le chien après un traitement chirurgical

    Chez le chien, le mastocytome est un problème relativement courant qui nécessite un diagnostic précoce et un traitement chirurgical agressif.

    Découvrez d'autres façons de contribuer à l'immunité des chiots [Téléchargez le guide gratuitement]

    Le mastocytome canin est une tumeur maligne de la peau et du tissu sous-cutané. C'est l'un des néoplasmes cutanés les plus fréquents chez le chien, avec une incidence de 7 à 21 %. Il apparaît généralement vers l'âge de 8 ans et touche plus fréquemment les races comme le boxer, le bouledogue, le bullmastiff, le pitbull, le labrador, le golden retriever, le teckel et l'American Staffordshire.

    Au moment du diagnostic, de nombreux chiens présentent déjà des métastases dans les nœuds lymphatiques de la région touchée ou des métastases à distance, en particulier dans le foie ou la rate. Bien que les progrès dans les techniques diagnostiques aient amélioré notre compréhension de ce type de tumeur, l'aspect fluctuant de son comportement biologique rend son évolution imprévisible, or celle-ci dépendra du type de traitement choisi.

    La classification histologique, un outil de prédiction de l'évolution du mastocytome chez le chien

    Le grade histologique de malignité a joué un rôle clé dans la classification des mastocytomes cutanés. Les médecins ont pris l'habitude d'utiliser la classification de Patnaik1 pour prédire l'évolution du mastocytome chez le chien. Or, si cette classification prédit avec fiabilité l'évolution des mastocytomes de grades I et III, elle ne permet pas de prédire celle des mastocytomes de grade II, lesquels présentent dans de nombreux cas un comportement biologique agressif.

    mastocytome chien

    Un groupe de pathologistes de l'université de Bologne2 a proposé une nouvelle classification (Kiupel) qui sépare les mastocytomes en deux groupes : bas grade et haut grade. Ces chercheurs ont utilisé les deux systèmes pour évaluer le grade histologique de 137 mastocytomes cutanés après exérèse chirurgicale et estimer le taux de survie des individus.

    Selon le système de Kiupel, tous les mastocytomes de grade I sont considérés comme des lésions de bas grade, et tous les mastocytomes de grade III correspondent à des lésions de haut grade. Parmi les mastocytomes de grade II, 85,6 % ont été classés comme étant de bas grade et 14,4 % comme étant de haut grade, avec une probabilité de survie à 1 an de 94 et 46 % respectivement.

    Cette nouvelle classification a une valeur pronostique étant donné qu'elle permet de prédire avec exactitude les résultats négatifs de certains mastocytomes de grade II. D'après cette classification, un mastocytome est considéré comme étant de haut grade s'il répond à au moins l'un de ces critères sur 10 champs observés à fort grossissement :

    • 7 mitoses
    • au moins 3 cellules multinucléées
    • au moins 3 noyaux anormaux (atypiques, segmentés, de forme irrégulière)
    • une caryomégalie, au moins 10 % des cellules néoplasiques doivent avoir un noyau deux fois plus gros que la taille normale

    La durée moyenne de survie est de 2 ans pour les mastocytomes de bas grade. La probabilité de survie à 1 an était de 95 % pour les chiens atteints de tumeurs de bas grade et de 24 % pour les chiens présentant une tumeur de haut grade. La durée moyenne de survie en présence d'une tumeur de haut grade était de 150 jours.

    Découvrez d'autres façons de contribuer à l'immunité des chiots [Téléchargez le guide gratuitement]

    La combinaison des deux classifications peut, de fait, aider à mieux déterminer le pronostic des mastocytomes de grade II, c'est pourquoi une autre étude réalisée par l'université de l'Illinois3 recommande d'utiliser les deux échelles.

    Évolution du mastocytome traité par voie chirurgicale chez le chien

    Un diagnostic précoce et une chirurgie agressive sont essentiels pour parvenir à traiter un mastocytome. Lorsque le mastocytome est de petite taille, bien différencié et bien délimité, la chirurgie est généralement efficace ; il est toutefois essentiel que des marges de tissus sains soient conservées.

    On recommande une marge latérale de 2 cm et un plan profond d'un fascia de marge, selon une étude publiée dans le Journal of the American Veterinary Medical Association 4. En cas de suspicion de métastases, il sera nécessaire de procéder à une exérèse du ganglion régional. Une chirurgie conventionnelle conserve toutefois un taux de récidive de 50 %. De toute évidence, le risque de récidive demeure plus élevé en cas de tumeur de haut grade, même lorsque des marges de sécurité ont pu être conservées.

    En dernier lieu, une étude menée par l'université d'État du Colorado5 a analysé l'évolution clinique de chiens atteints de mastocytomes de grade II traités exclusivement par chirurgie. Après avoir analysé 55 chiens, il a été constaté que 84 % des individus n'avaient présenté aucune récidive de mastocytome et que seuls 5 % présentaient des métastases. Les chercheurs ont dès lors conclu qu'après une exérèse chirurgicale complète du mastocytome de grade II, la plupart des chiens ne nécessitaient pas de traitement systémique.

    New call-to-action

    1. Patnaik, A. K. et. al. (1984) Canine cutaneous mast cell tumor: morphologic grading and survival time in 83 dogs. Vet Pathol; 21(5): 469-474.
    2. Sabattini, S. et. al. (2015) Histologic grading of canine mast cell tumor: is 2 better than 3? Vet Pathol; 52(1): 70-73.
    3. Reagan, J. K. et. al. (2018) Evaluation of information presented within mast cell tumour histopathology reports in the United States: 2012-2015. Vet Med Sci; doi: 10.1002/vms3.107.
    4. Fulcher, R. P. et. al. (2006) Evaluation of a two-centimeter lateral surgical margin for excision of grade I and grade II cutaneous mast cell tumors in dogs. J Am Vet Med Assoc; 228(2): 210-215.
    5. Séguin, B. et. al. (2001) Clinical outcome of dogs with grade-II mast cell tumors treated with surgery alone: 55 cases (1996-1999). J Am Vet Med Assoc; 218(7): 1120-1123.