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    La brucellose chez le chien : une maladie méconnue ?

    La brucellose est une zoonose présente dans le monde entier représentant, en médecine de l'homme, environ 500 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année1.

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    Introduction

    La brucellose chez le chien est causée par B. canis, un coccobacille aérobie à Gram négatif décrit pour la première fois comme une cause d'avortement chez des chiennes de race Beagle dans les années 601

    On dispose de peu d'informations sur la situation épidémiologique de Brucella Canis en Europe. Lors d'une étude de séroprévalence conduite en 2019 sur des prélèvements que différents pays européens avaient fournis à un laboratoire européen en recherche vétérinaire, un total de 3,7 % des tests effectués par PCR s'est révélé positif. Parmi les échantillons positifs à l'analyse par PCR, 11,1 % provenaient d'Espagne, 6,7 % de Pologne et une poignée d'échantillons venaient de France et d'Italie2. À cela s'ajoute la découverte, en 2020, d'un cas importé de brucellose canine décelé aux États-Unis chez un american bully mâle destiné à la reproduction3. Pour toutes ces raisons, il semble logique que le clinicien vétérinaire se familiarise avec le diagnostic et le traitement de cette maladie. 

    Transmission

    B. canis présente un fort tropisme pour les systèmes reproductif et lymphoréticulaire, ce qui explique qu'il se transmette principalement par voie vénérienne. Parmi les autres voies de contamination possibles figure la voie muqueuse oro-nasale ou conjonctivale au contact de sécrétions vaginales, de l'urine d'animaux infectés ou de résidus de tissus provenant d'avortements1, 4.

    On considère que les animaux les plus exposés à cette infection sont ceux qui vivent dans des zones où les chiens peuvent errer librement (surtout s'ils ne sont pas stérilisés) et les chiens qui font partie de programmes d'élevage, notamment les grands élevages commerciaux1. La pratique de l'insémination artificielle, utilisée pour prévenir la contamination des animaux reproducteurs, protège le mâle et non la femelle si le sperme est infecté4.

    Tableau clinique

    La brucellose chez le chien peut provoquer des signes cliniques non spécifiques tels que la léthargie, la perte de poids, l'intolérance à l'exercice ou une lymphadénopathie, mais les signes les plus significatifs sont ceux qui touchent l'appareil reproducteur.

    • Chez les chiennes exposées à B. canis au cours des 20 premiers jours de gestation, l'embryon a tendance à mourir et à se résorber, alors que les infections plus tardives conduisent à un avortement entre le 45e et le 59e jour de gestation. Il est donc recommandé de soumettre les chiennes qui avortent pendant cette période à un dépistage de la brucellose1.
    • Parmi les lésions fœtales observées figurent la bronchopneumonie, la lymphadénite, l'hépatite, l'hémorragie rénale et la myocardite. Certains chiots peuvent sembler en bonne santé à la naissance, disséminer des bactéries dans leur environnement, puis mourir quelques jours plus tard de lésions similaires à celles mentionnées ci-dessus1.
    • Chez les mâles, la brucellose provoque l'épididymite et la prostatite ; l'apparition d'une orchite est en revanche rare. Une dermatite humide survient fréquemment lorsque le chien se lèche le scrotum et peut altérer la qualité du sperme qui débouchera sur une infertilité de l'animal. Pour cette raison, il est conseillé de soumettre les mâles atteints de problèmes de fertilité à un dépistage de la brucellose1, 4
       

    Au niveau extragénital, la brucellose peut être à l'origine de spondylodiscites, d'endophtalmies et d'uvéites1, 2.

    brucellose chien

    Diagnostic

    Le diagnostic de la brucellose chez le chien peut être difficile à établir. Chez les animaux infectés, l'hématologie, la biochimie et l'analyse d'urine peuvent être tout à fait normales ou présenter des altérations non spécifiques1.

    Le diagnostic sérologique de la maladie peut être effectué au moyen de différentes techniques, mais celles-ci ne sont généralement pas suffisamment sensibles ou spécifiques1, 4.

    L'hémoculture (trois prélèvements sur trois jours consécutifs) est la technique de référence pour diagnostiquer la brucellose canine chez les patients non soumis à une antibiothérapie : plus de 50 % des chiens ont une bactériémie positive dès deux semaines d'infection (la séroconversion prend quatre semaines, au terme desquelles la sérologie est positive) et jusqu'à un à deux ans plus tard. Toutefois, la bactériémie est intermittente et un résultat négatif n'exclut pas l'infection1, 4. Une autre technique diagnostique possible est la mise en culture de fluides ou de tissus dans lesquels l'agent pathogène est détectable, comme l'urine, les sécrétions vaginales, le sperme, la prostate, le testicule, ou les tissus provenant d'avortements.

    Enfin, les tests par PCR sont devenus très populaires dans certains pays, car ils présentent une sensibilité supérieure à celle des tests sérologiques et le recueil d'échantillons est plus simple que pour l'hémoculture2, 5.

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    Traitement de la brucellose chez le chien

    Bien que certains propriétaires aient du mal à le comprendre, il est essentiel de leur expliquer que la brucellose canine est une zoonose, qu'il n'existe aucun traitement antibiotique permettant de garantir l'élimination totale de l'infection et que les récidives sont fréquentes, même après une stérilisation supposée.

    Si, malgré cela, un traitement médical est instauré, il est conseillé de procéder à l'ovario-hystérectomie/la castration et d'administrer un traitement antibiotique pendant plusieurs mois, de préférence à base de doxycycline, d'enrofloxacine ou de streptomycine, même s'il est important de garder en tête qu'un tel traitement peut favoriser le développement d'une antibiorésistance1, 4.

    Par la suite, un suivi régulier est recommandé chez les chiens infectés ayant reçu un traitement, même si cela n'est pas nécessairement évident en raison des dépenses que cela engendre dans les élevages.

    Dans certaines régions, l'euthanasie des chiens touchés est obligatoire1. Cette mesure peut paraître exagérée en tant que règle générale, mais il faut tenir compte de la volonté du propriétaire de respecter un plan de traitement et de prévention qui évite la propagation éventuelle de la maladie à d'autres animaux, sans oublier la caractère zoonotique de l'infection. De fait, l'euthanasie sans traitement est une option recommandée par certains auteurs4, 6.

    Prévention

    La prévention de la maladie passerait par une limitation de l'exposition à la source de l'infection, par un dépistage annuel de la population exposée ainsi que par le dépistage des animaux à l'arrivée à l'élevage (2 tests négatifs en 4 à 6 semaines)1.

    Un vaccin efficace pourrait réduire considérablement la prévalence de la brucellose canine, mais aucun n'est disponible à l'heure actuelle1.

    Conclusions

    Actuellement, la brucellose canine est considérée comme une zoonose réémergente. Il est donc important que le clinicien connaisse cette maladie afin de pouvoir la diagnostiquer correctement et éviter la contamination d'autres animaux voire d'êtres humains. En l'absence d'un traitement efficace à 100 %, et à moins que la législation ne le précise, la décision de traiter ou de recommander l'euthanasie des animaux infectés doit être prise en fonction de la capacité des propriétaires à appliquer un programme de prévention approprié.

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    Bibliographie
    1. Kauffman LK, Petersen CA. (2019). Canine Brucellosis: Old foe and reemerging scourge. Vet Clin North Am Small Anim Pract; 49: 763-779.
    2. Buhmann G, Paul F, Herbst W, et al. (2019). Canine brucellosis: Insights into the epidemiologic situation in Europe. Front Vet Sci; 6: 151.
    3. https://depecheveterinaire.com/l-identification-recente-d-un-cas-de-brucellose%20canine-en-elevage-canin-impose-de-ne-pas-l-oublier_67A05588407DBE.html
    4. Makloski CL. (2011). Canine brucellosis management. Vet Clin North Am Small Anim Pract; 41: 1209-1219.
    5. Mol JPS, Guedes ACB, Eckstein C, et al. (2020). Diagnosis of canine brucellosis: comparison of various serologic tests and PCR. J Vet Diagn Invest; 32: 77-86.
    6. Cosford KL. (2018). Brucella canis: An update on research and clinical management. Can Vet J; 59: 74-81.