L’insuffisance rénale chez le chat : une maladie incurable
L’insuffisance rénale, également appelée maladie rénale, est la plus courante des affections rénales chez le chat et la principale cause de décès chez cet animal. Elle se caractérise par une perte progressive et irréversible des fonctions rénales de base, quelle qu’en soit la cause primaire, et se manifeste sous une forme aiguë ou chronique. S’il s’agit d’une maladie difficile à déceler avant la phase terminale, un traitement approprié permettra toutefois d’allonger l’espérance de vie de l’animal.
Qu'est-ce que l'insuffisance rénale ?
L’insuffisance rénale aiguë est caractérisée par une diminution brusque et persistante de la filtration glomérulaire. Les principales conséquences de la perte de la fonction rénale sont la rétention de phosphore et l’absence d’activation finale de la vitamine D (hyperphosphorémie/hyperparathyroïdie rénale secondaire/ostéodystrophie rénale), la perte de protéines (syndrome néphrotique/thrombose), la diminution de la réabsorption du bicarbonate et de l’excrétion de protons (acidose métabolique), la diminution de la synthèse de l’érythropoïétine (anémie non régénérative) et l’altération de la capacité à concentrer les urines (isosthénurie/hyposthénurie /hypertension artérielle). On observe parfois une absence d’excrétion de potassium, ou hyperkaliémie, bien que, dans la plupart des cas d’insuffisance rénale (IR) polyurique, l’excrétion soit anormalement élevée (hypokaliémie). Il s’agit en outre d’une caractéristique spécifique et constante chez le chat.
L’ischémie rénale, consécutive à une hypotension, une hypovolémie ou un choc, et l’action de substances néphrotoxiques sont les principaux déclencheurs de l’insuffisance rénale chez le chat. Une glomérulopathie, l’hypercalcémie, la pyélonéphrite, la leptospirose, l’obstruction des voies urinaires et le diabète sucré peuvent également conduire à une insuffisance rénale aiguë. Les signes et symptômes se manifestent de façon soudaine et sont liés à l’azotémie et au syndrome urémique. Ils doivent être traités dans l’immédiat pour éviter les complications.
On distingue trois phases dans le développement de l’insuffisance rénale chez le chat : la phase d’initiation des lésions (de l’apparition de la lésion rénale au début du dysfonctionnement de l’organe), la phase de maintien (lésion rénale établie) et la phase de récupération.
Compte tenu de son caractère progressif et dégénératif, cette maladie touche avant tout les chats âgés. On estime qu’un tiers des chats de plus de 10 ans et que plus de la moitié des chats de plus de 15 ans souffrent de cette pathologie.
Quels sont les symptômes de la maladie rénale chez le chat ?
Chez le chat, l’insuffisance rénale, également appelée maladie rénale, peut se manifester sous une forme aiguë, lorsque le rein faiblit rapidement alors qu’il était sain, ou bien sous une forme progressive, indolente et insidieuse. Le terme « insuffisance rénale chronique » désigne précisément cette forme progressive, d’évolution lente et continue. Les reins ayant un rôle clé pour l’organisme – ils filtrent le sang pour éliminer les toxines et maintenir un bon équilibre hydrique – une insuffisance rénale significative (la manifestation la plus marquée chez le chat étant l’insuffisance rénale en phase terminale) représente un risque vital pour l’animal.
Les symptômes les plus fréquents sont liés à la perte de la fonction rénale, qui se traduit chez le chat par une augmentation de la fréquence des mictions et de la consommation d’eau. Une perte de poids, d’appétit et des vomissements seront également observés chez l’animal, sans aucune explication apparente. Chez le chat, l’insuffisance rénale en phase terminale provoque une accumulation des toxines et de l’urée qui donnera lieu à une léthargie et à un coma urémique. Tous ces symptômes apparaissent à un stade avancé et à la phase terminale de la maladie, en raison de la forme indolente dans les premiers stades de la maladie.
Les symptômes de l’insuffisance rénale, lorsqu’ils existent, sont rarement spécifiques et passent souvent inaperçus, d’où l’importance de la suspicion diagnostique pour pouvoir la déceler.
Comment diagnostiquer l'insuffisance rénale chez le chat ?
La survie varie en fonction du temps écoulé jusqu’au diagnostic et jusqu’à l’administration d’un traitement. Les seuls examens diagnostiques actuellement disponibles sont l’analyse de sang, qui mettra en évidence la perte de la fonction rénale sur la durée, et l’analyse d’urine, qui révélera une baisse de la concentration des urines1.
Les signes cliniques n’apparaissant que tardivement, il est important de procéder à des analyses de contrôle destinées à détecter l’insuffisance rénale à un stade précoce. Le diagnostic de l’insuffisance rénale chez le chat repose sur les valeurs du taux de filtration glomérulaire (TFG), la diminution des valeurs du TFG étant directement liée à une augmentation stable de la concentration sérique de la créatinine et à l’apparition d’une protéinurie et d’une hypertension. Ces valeurs et les variations de celles-ci sont des éléments prédictifs de la survie du chat et permettront d’orienter le choix du traitement.
Si les valeurs de la créatinine sérique servent aujourd’hui à estimer le taux de filtration glomérulaire, il a été prouvé que les diminutions légères ou modérées du TFG étaient cependant difficiles à détecter avec les procédures diagnostiques actuelles. La diméthylarginine symétrique (SDMA) est une molécule constituée par la méthylation d’arginine libérée dans le sang lors de la dégradation des protéines et qui est principalement excrétée par voie rénale. Plusieurs études mettent en évidence une forte corrélation entre la SDMA et le taux de filtration glomérulaire, ce marqueur apparaissant comme un meilleur prédicteur du TFG que la concentration sérique de créatinine en raison de sa sensibilité supérieure et de sa stabilité face à une activité musculaire excessive.
Les symptômes n’apparaissant qu’une fois la maladie à un stade avancé, les contrôles de routine à partir de 8 ans sont le moyen le plus efficace de détecter la maladie.
Comment la traiter ?
Le traitement de l’insuffisance rénale vise à atténuer la gravité des conséquences cliniques et pathologiques liées à la perte de fonction, à l’exception des cas où la cause primaire est connue et où le traitement ciblera cette même cause.
Chez le chat, il repose principalement sur l’administration d’une sérothérapie par voie endoveineuse destinée à corriger le déséquilibre des fluides et des électrolytes. Les signes de surhydratation, la production d’urine et la présence d’arythmies, déclenchées par l’hyperkaliémie, doivent être surveillés. Le pronostic est plus favorable en cas d’insuffisance rénale aiguë à caractère polyurique qu’en cas d’insuffisance rénale aiguë à caractère oligurique. Le taux de mortalité est estimé à 40 % voire plus et varie selon l’existence de pathologies sous-jacentes, la gravité de l’azotémie et les signes observés en début de traitement.
En cas d’insuffisance rénale chronique, la baisse de la fonction rénale est graduelle et associée à une perte progressive de tissu fonctionnel (composé de néphrons). Elle peut être déclenchée par une néphropathie congénitale ou, dans sa forme acquise, faire suite à un traumatisme, une obstruction, une intoxication, être idiopathique, auto-immune, liée à une infection, un cancer ou à un choc impliquant une atteinte rénale. Son incidence augmente avec l’âge et elle touche 33 % des chats de plus de 15 ans. Une fois le diagnostic posé, la durée de survie de l’animal est variable, même si la plupart des chats meurent dans les 2 ou 3 ans qui suivent. On estime que cela représente 3 % des décès chez le félin. En revanche, l’administration, conjointement au traitement, d’une alimentation spécifique aux troubles rénaux du chat, permet de doubler l’espérance de vie de l’animal.
L’approche intégrative
L’approche intégrative, par la mise en place de mesures de soutien, est la stratégie la plus appropriée pour le traitement de cette pathologie. Le traitement des facteurs de prédisposition, par le biais de médicaments contre l’hypertension notamment, une alimentation qui favorise le bon fonctionnement des reins et améliore l’état nutritionnel du chat, ainsi que l’augmentation de la consommation d’eau, ne sont que quelques exemples de mesures mises en place dans le cadre de cette approche intégrative.
L’alimentation est quoi qu’il en soit un élément clé du traitement, l’objectif étant de faire baisser le taux de phosphore et réduire ainsi l’hyperphosphatémie et l’hyperparathyroïdie rénale secondaire. Elle doit être pauvre en phosphore et en protéines ; les protéines à haute valeur biologique devront être favorisées afin de diminuer le taux d’azotémie et de réduire l’hypertension glomérulaire. Elle devra également être limitée en sodium, en vue de maîtriser l’hypertension artérielle, et devra également favoriser le maintien d’un pH sanguin stable tout en fournissant un apport calorique suffisant pour compenser le déficit nutritionnel lié à la perte d’appétit.
D’autre part, un traitement pharmacologique à base de chélateurs du phosphore pourra également être administré si l’alimentation réduite en phosphore n’est pas suffisante pour maintenir la phosphatémie.
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L’augmentation de la consommation d’eau n’est pas un objectif facile à atteindre, mais la stratégie de modification environnementale proposée dans les interventions MEMO (modification environnementale multimodale) permettra au chat de mieux s’adapter à la situation et d’augmenter sa consommation d’eau. Certaines de ces mesures consistent à mettre à disposition du chat des gamelles d’eau fraîche, en renouvelant l’eau régulièrement, et à les placer dans des endroits calmes, à l’écart de la litière.
Efficacité clinique du bénazépril dans le traitement de l’insuffisance rénale chronique
Au vu des effets bénéfiques des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC) sur la réduction de la protéinurie et sur l’allongement de l’espérance de vie chez l’humain, une étude2, menée sur une durée totale de 6 mois, a cherché à comparer le bénazépril à un placebo en mesurant différentes variables, dont la survie. Il a alors été constaté que le rapport protéine/créatinine dans l’urine était plus faible chez les chats ayant reçu du bénazépril. En d’autres termes, ces chats avaient une protéinurie plus basse que les chats du groupe placebo. En outre, selon l’IRIS (International Renal Interest Society), ce groupe restait à un stade précoce de la maladie. D’après ces études, le bénazépril aurait un potentiel non négligeable en matière de ralentissement de la progression de la maladie ou d’augmentation de la survie, ou les deux à la fois, chez les chats souffrant d’insuffisance rénale chronique.