Empoisonnement chez le chien : usage de la vitamine K
Les signes d'un empoisonnement aux anticoagulants coumariniques, des agonistes de la vitamine K, peuvent mettre entre 2 et 5 jours à se déclencher chez le chien, le temps que les réserves en facteurs de coagulation et en vitamine K s'épuisent, même si le délai varie d'un individu à l'autre.
Le tableau clinique est une coagulopathie, provoquée par le déficit en facteurs de coagulation débouchant sur des hémorragies multiples – méléna, hématémèse, épistaxis, hématurie et hématomes sous-cutanés – même si, dans de nombreux cas, les animaux présentent une dépression, une anorexie et une dyspnée en lien avec l'hémothorax.
Les symptômes de l'empoisonnement chez le chien
La symptomatologie peut être suraiguë et donner lieu à une mort subite due à un collapsus vasculaire, à une hémorragie cérébrale, péricardique ou thoracique, sans signes avant-coureurs.
L'examen peut mettre en évidence des muqueuses pâles ou cyanosées, un pouls faible et rapide, une dyspnée, une léthargie ainsi que des hématomes sur différentes parties du corps.
Le mécanisme d'action des rodenticides
Il existe de nombreux rodenticides anticoagulants de première ou deuxième génération, classés selon leur efficacité sur les rongeurs résistants à la warfarine. Le mécanisme d'action de base de ces produits est de réduire la vitamine K active. La vitamine K est nécessaire à la synthèse des groupes d'acide dicarboxylique, un composant des facteurs de coagulation II, VII, IX et X responsable de la liaison au calcium, une liaison indispensable pour son rôle dans la coagulation. Dans le processus de synthèse des groupes carboxyliques, la vitamine K est oxydée et transformée en vitamine K époxyde, qui doit ensuite être réduite pour être réactivée.
Les dérivés des coumariniques inhibent ce processus de régénération de la vitamine K époxyde en vitamine K active et entraînent, par conséquent, un déficit rapide des facteurs de coagulation II, VII, IX et X, ces derniers ayant une durée de vie moyenne très courte.
Le pronostic de l'empoisonnement chez le chien
Le pronostic de l'empoisonnement aux coumariniques est bon, voire excellent, y compris dans les cas les plus graves, même si, comme bien souvent, cela dépend du temps de réaction des propriétaires comme du vétérinaire.
Le traitement à la vitamine K
Il est essentiel de pouvoir retrouver le rodenticide à l'origine de l'empoisonnement afin de déterminer la puissance et la durée du traitement.
Dans un premier temps, il est possible d'induire des vomissements ou d'effectuer un lavage gastrique (charbon actif et agent cathartique à base de chlorure de sodium), si l'ingestion est récente.
Quant à la vitamine K, il s'agit d'un traitement puissant que l'on administre chez le chien à la suite d'une intoxication accidentelle par un raticide anticoagulant. Le traitement de choix est la vitamine K1 pour son action rapide sur la synthèse de nouveaux facteurs de coagulation, qui débute 6 à 12 heures après administration de la vitamine (administration initiale de 3 à 5 mg/kg par voie IM, SC ou IV selon le type de warfarine utilisée (1re ou 2e génération), à renouveler 12 heures après).
En raison du temps d'action de la vitamine K chez le chien, un traitement de soutien sera nécessaire dans les cas les plus graves :
- Si l'animal souffre d'une hémorragie massive et est en état de choc hypovolémique, une transfusion sanguine et des mesures de soutien symptomatique seront nécessaires pour tenter d'enrayer les effets du choc, ainsi qu'une fluidothérapie.
- Une thoracocentèse peut être nécessaire pour éviter que la dyspnée n'entraîne un épanchement pleural et ne risque de provoquer une nouvelle hémorragie.
Une fois les saignements maîtrisés, il sera nécessaire de poursuivre le traitement en administrant par voie orale de la vitamine K pour chiens (phytonadione, dose d'entretien de 5 mg/kg par jour, en 2 prises) jusqu'à ce que les temps de prothrombine reviennent à la normale, ce qui peut prendre des mois avec certains anticoagulants coumariniques.
