Corticoïdes pour chien : effets secondaires d'un usage en continu
Introduction
Les corticoïdes pour chien sont des médicaments lipophiles qui pénètrent dans la cellule par diffusion passive. Lorsqu'ils se lient à leur récepteur cytoplasmique, ils se dimérisent et s'introduisent dans le noyau. Ils se fixent ensuite aux séquences spécifiques des bases, agissant ainsi sur l'ADN et facilitant la synthèse de l'ARN messager. Il en résulte une augmentation ou une diminution de la production des protéines correspondantes.
Ces variations sont à l'origine des principaux effets pharmacologiques des corticoïdes, de leur activité anti-inflammatoire à leur action immunosuppressive et anti-allergique, comme le détaille un article publié dans la revue IM Veterinaria1. Néanmoins, certaines de ces variations provoquent également des effets secondaires indésirables, en particulier en cas de traitement prolongé.
Principaux effets secondaires de l'usage en continu des corticoïdes pour chien
- Immunosuppression. Les corticoïdes empêchent les macrophages de traiter l'antigène, limitent la synthèse de certaines protéines qui pourraient jouer le rôle d'anticorps et réduisent le nombre de lymphocytes T en affaiblissant le système lymphoïde. Ils ont, par conséquent, un effet immunosuppresseur majeur qui, s'il peut être bénéfique pour le traitement des pathologies auto-immunes, peut également être nocif pour l'animal, exposé de fait à différents types d'infections. C'est pourquoi, dans certains cas, la corticothérapie est complétée par un traitement antibiotique destiné à prévenir l'apparition d'infections opportunistes.
- Troubles gastro-intestinaux. Les vomissements et la diarrhée font partie des effets secondaires les plus courants des corticoïdes pour chien, surtout lorsque ceux-ci sont administrés à des doses très élevées ou sur le long terme. Ces médicaments provoquent également une augmentation de la production de pepsine et d'acide chlorhydrique qui, combinée à l'action inhibitrice qu'ils exercent sur la synthèse des prostaglandines, peut entraîner un ulcère voire une perforation gastro-intestinale, comme l'a démontré une étude réalisée à l'université de Berne2. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles on utilise des protecteurs gastriques en complément de la corticothérapie.
Difficultés de cicatrisation des plaies et retard de croissance des chiots. Les corticoïdes bloquent l'anabolisme protéique, c'est-à-dire la synthèse des protéines à partir de précurseurs, ce qui peut entraîner une atrophie musculaire, une diminution de la matrice osseuse et une inhibition de la croissance longitudinale des os. Ces mécanismes expliquent à la fois le retard de croissance des jeunes animaux et les difficultés de cicatrisation des plaies. C'est pourquoi leur usage n'est pas recommandé après une opération chirurgicale ou en cas de blessure ouverte.
Diabète. Les corticoïdes exercent un effet antagoniste sur l'insuline, augmentent la gluconéogenèse et inhibent l'utilisation périphérique du glucose, augmentant ainsi la quantité de glycogène dans le foie. Ce mécanisme peut entraîner une hyperglycémie ou une glycosurie, et générer un diabète sucré chez certains animaux, en particulier chez ceux se trouvant en état prédiabétique.
Troubles cardio-vasculaires. L'usage des corticoïdes a été associé à l'apparition de différents problèmes cardiaques sévères. Une étude menée à l'université d'Arizona3 auprès de patients humains a montré que l'administration par voie intraveineuse de doses élevées de corticoïdes était liée à des bronchospasmes, des arythmies et des infarctus du myocarde. Chez le chien, une étude conduite à l'université de Zurich4 a montré que l'usage en continu d'hydrocortisone augmentait la pression artérielle, ce qui « pourrait entraîner une réorganisation vasculaire périphérique irréversible suivie d'une plus grande rigidité de la paroi et d'une plus grande résistance vasculaire », selon les chercheurs.
Changements comportementaux. En médecine de l'homme, les modifications du comportement sont des effets secondaires largement connus chez les patients traités par des corticoïdes. Une étude réalisée à l'université de Lincoln5 a révélé des résultats similaires chez le chien. Les animaux traités par des corticoïdes se sont avérés significativement moins joueurs, plus nerveux, agités, craintifs et moins sûrs d'eux, et avaient tendance à éviter les personnes ou les situations inhabituelles. Ils aboyaient également plus facilement et avaient un comportement plus agressif en présence de nourriture ou lorsqu'ils étaient dérangés.
Parmi les autres effets secondaires liés aux corticoïdes figurent l'augmentation de la quantité d'enzymes hépatiques telles que l'albumine, ou encore l'érythrocytose et l'anémie en cas d'insuffisance surrénale. De plus, un traitement prolongé pourrait induire un syndrome de Cushing en raison de la hausse du taux de cortisol.
On citera, en dernier lieu, un autre problème à prendre en compte : il est possible que les corticoïdes interfèrent avec le diagnostic des maladies, en particulier avec celui des pathologies à caractère neurologique, étant donné qu'ils altèrent les résultats des prélèvements de liquide céphalo-rachidien et des examens d'IRM.