Allergie chez le chien : symptômes et diagnostic
Introduction
La définition du terme « allergie » a changé plusieurs fois depuis sa première utilisation en médecine de l'homme au début du XXe siècle.
En médecine vétérinaire, l'allergie a été définie comme une réaction d'hypersensibilité à un allergène, par l'intermédiaire d'anticorps ou de cellules, et produite par un mécanisme immunitaire spécifique1. Bien que ce terme soit souvent utilisé en référence aux chiens atteints de dermatite atopique (DA), il existe d'autres maladies allergiques, notamment l'hypersensibilité alimentaire (HA), la dermatite allergique aux piqûres de puces (DAPP), la dermatite ou allergie de contact, l'hypersensibilité au venin des insectes, et l'urticaire et l'angiœdème canins.
Les symptômes de l'allergie chez le chien
Le prurit est la manifestation clinique la plus fréquente dans les tableaux allergiques, bien que son intensité, sa distribution anatomique et les caractéristiques des animaux touchés puissent varier selon la maladie en cause.
LA DERMATITE ATOPIQUE CANINE (DAC)
Dans le cas de la DAC, les signes commencent à apparaître entre 6 mois et 6 ans, bien que 70 % des patients soient âgés de 1 à 3 ans. Le prurit peut être saisonnier ou non. La forme sévère se traduit souvent par des érythèmes, des papules, des pustules, des croûtes et des excoriations, qui apparaissent généralement sur la tête (zones péri-orale et péri-oculaire, et oreilles) ou sur les plis des coudes, des carpes et des tarses, des coussinets, des doigts et des zones interdigitées, sur l'abdomen ventral, le périnée ou encore la face ventrale de la queue. Ces patients présentent habituellement une inflammation chronique de la peau et des infections récurrentes2.
L'HYPERSENSIBILITÉ ALIMENTAIRE (HA)
L'HA se caractérise par la présence d'un prurit généralisé, non saisonnier, cliniquement persistant bien souvent et qui, contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'est généralement pas lié à l'ingestion d'aliments. Les lésions primaires comprennent l'érythème et l'éruption papulaire ; cependant, de nombreux cas ne sont diagnostiqués qu'au moment de l'apparition de lésions secondaires telles que l'alopécie, les excoriations, les croûtes, la lichénification et l'hyperpigmentation. Le profil des lésions peut être similaire à l'atopie ou non. L'otite externe chronique est également une manifestation très fréquente chez ces patients et des signes gastro-intestinaux sont détectés dans 6 à 50 % des cas3.
LA DERMATITE PAR ALLERGIE AUX PIQÛRES DE PUCES (DAPP)
Les chiens atteints d'une DAPP présentent habituellement un tableau prurigineux sévère qui touche généralement la région lombo-sacrée, la base de la queue et les membres postérieurs, même si, dans le cas d'infestations massives, le prurit peut être généralisé3.
LA DERMATITE OU ALLERGIE DE CONTACT
Dans le cas de l'allergie de contact, les lésions peuvent être très prurigineuses ; leur distribution varie, quant à elle, selon l'agent causal. On observe par conséquent des formes très localisées comme des formes très généralisées, celles-ci pouvant par exemple être dues à l'application d'un shampoing ou d'un aérosol sur tout le corps de l'animal.
L'HYPERSENSIBILITÉ AU VENIN DES INSECTES
L'hypersensibilité au venin des insectes se manifeste, dans la plupart des cas, par une inflammation et une douleur dans la zone touchée, bien qu'elle puisse également prendre la forme d'une réaction anaphylactoïde de sévérité variable, allant de l'apparition d'une urticaire et d'un angiœdème au collapsus, à l'arrêt cardiorespiratoire et au décès3.
L'URTICAIRE ET L'ANGIŒDÈME
- On parle d'urticaire en présence de boutons ou de cloques (lésions en relief, circulaires et bien circonscrites causées par un œdème du derme).
- L'angiœdème est caractérisé par un gonflement significatif de la zone provoqué par un œdème qui s'étend en direction du derme profond ou de l'hypoderme. Il est souvent déclenché par une réaction d'hypersensibilité aux insectes ou aux arthropodes, bien qu'il puisse y avoir d'autres causes. Contrairement à d'autres processus allergiques, ces lésions ne s'accompagnent pas toujours de prurit3.
Le diagnostic de l'allergie chez le chien
- Le diagnostic de DA repose sur le tableau clinique et l'exclusion d'autres maladies générant un prurit, telles que l'hypersensibilité alimentaire, les infestations parasitaires, la pyodermite ou les infections à levures2. Un tableau de prurit, initialement sans lésions, chez un chien de moins de 3 ans qui vit en intérieur et qui répond au traitement à base de glucocorticoïdes, évoque fortement une DA4, 5. Une fois le diagnostic clinique de DA établi, et si le cas le justifie, il peut être utile d'envisager de pratiquer un test intradermique ou un dosage des anticorps de certains allergènes5.
- Le diagnostic d'hypersensibilité alimentaire doit systématiquement être envisagé en cas de prurit non saisonnier, qu'il y ait ou non des symptômes cliniques digestifs, et d'autant plus si, d'après les antécédents de l'individu, la réponse au traitement par glucocorticoïdes est variable. Dans la plupart des cas, le diagnostic est confirmé par la mise en place de régimes d'éviction3, 4.
- Le diagnostic de DAPP repose sur le tableau clinique et sur la mise en évidence des puces ou de leurs déjections. En cas de suspicion de DAPP mais d'absence de traces de puces, il est possible de recourir à des tests intradermiques ou sérologiques3.
- Pour les allergies de contact et l'hypersensibilité au venin des insectes, le diagnostic repose sur le tableau clinique et sur l'élimination du déclencheur potentiel de la réaction dans l'environnement du chien, ou bien sur la documentation concernant l'exposition à l'insecte, respectivement.
- Le diagnostic d'urticaire ou d'angiœdème est établi à partir de la présentation clinique, bien qu'il ne soit pas toujours facile de trouver la cause initiale, à moins que le propriétaire ne signale une exposition récente à un agent causal potentiel.
Conclusions
On observe chez le chien différentes maladies allergiques se traduisant par divers symptômes. Dans beaucoup d'entre elles, le prurit est la manifestation clinique la plus fréquente, mais ce n'est pas la seule. Bien que le diagnostic d'allergie chez le chien puisse parfois être simple, l'absence de signes cliniques pathognomoniques et de tests diagnostiques spécifiques pour la plupart des maladies allergiques complique fréquemment le diagnostic. Il est dès lors essentiel de recueillir des antécédents médicaux très complets qui facilitent l'orientation diagnostique.